Doit-on exposer son enfant autiste pour dénoncer les violences faites aux autistes ?

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Le Petit Prince a dit : « J’ai de la chance d’aller au collège, moi, par rapport à tous les autistes qui ne peuvent pas aller en classe… »

Oui, c’est vrai, il a de la chance. Et pour preuve encore cette vidéo qui tourne sur les réseaux sociaux montrant un collégien autiste empêché par le directeur de l’établissement de faire sa rentrée, cette année, à Lyon. Scandale. Violence.

C’est tout bonnement révoltant de voir cela. Mais c’est la réalité. Nous vivons dans un pays où la loi n’est pas la même pour tous. Le collège de cet ado avait l’obligation de le prendre à la rentrée, il a refusé. Mais ça arrive dans les écoles, les maternelles, les primaires… je vous rappelais l’autre jour les chiffres de la scolarisation des autistes en France, c’est juste effrayant !

Pour autant, cette vidéo m’a vraiment mise mal à l’aise car… c’était prémédité. La maman de Tim savait que le collège allait refuser de prendre son fils, que ça allait mal se passer. Pourquoi l’a-t-elle trainé là-bas ? Et admettons que ce soit pour dénoncer : une fois le refus du directeur obtenu ( très rapidement, il n’a même pas daigné discuter d’ailleurs), pourquoi a-telle insisté à faire rentrer ce pauvre gosse ? Il y avait d’autres élèves, des parents, des profs, et voilà cet enfant visiblement mal à l’aise obligé de rester planté là devant tout le monde, face à une situation qui le dépasse, qui n’est plus de son ressort, qui est administrative.

Si l’action du collège, avec carrément la mise en place d’une chaine cadenassée est révoltante, je trouve aussi qu’exhiber ainsi son enfant, le mettre dans une situation très inconfortable est vraiment violente également. La colère peut nous envahir en tant que parent, mais on ne doit pas la partager avec notre enfant : on doit le protéger.

C’est là que je ne suis pas d’accord avec cette action coup de poing. J’ai toujours voulu protéger mon fils au maximum des tensions, des moqueries, des situations qui pourraient l’afficher. Je lui ai toujours dis de faire confiance aux adultes qui s’occupaient de lui, comme les maîtres puis les professeurs parce qu’ils étaient là pour le protéger. Il fallait qu’il puisse leur dire quand ça n’allait pas, parce que quand moi je n’étais pas là, à l’école par exemple, c’était à l’enseignant, au surveillant, à l’AVS de prendre soin de mon fils. Je lui demandais de faire confiance à ces adultes là pour qu’il soit en sécurité dans cet environnement hostile dans lequel je n’avais pas de prise.

Quand j’ai senti que nous ne pouvions plus faire confiance à l’enseignant, nous avons changé d’établissement. Et là de nouveau j’ai demandé au Petit Prince de faire confiance aux adultes de sa nouvelle école. Je n’aurais jamais pu obliger mon fils à vivre une situation telle que ni les élèves, ni les enseignants n’étaient une source de soutien ou de sécurité pour lui. Les élèves, je savais que ça se passait mal. Mais je comptais sur les profs et les AVS pour qu’ils prennent soin de lui et le protège.

Là j’imagine mon fils dans une telle situation : devant tout le monde, rejeté par les adultes, le directeur et les enseignants. Il y a de quoi se sentir triste, alors que tous les ados rêvent de se conformer dans un moule, les nôtres sortent déjà un peu du lot avec leur autisme, si en plus on les exhibe devant tout le monde… quel en est l’intérêt pour l’enfant ? Comment peut-il avoir de nouveau confiance dans une autre établissement et avoir envie d’y aller ? Comment va-t-il se reconstruire après cette humiliation ? Là c’est violent, vraiment violent !

Bref, je suis perplexe. Il faut protéger nos enfants avant tout, leur épargner au maximum les troubles, les situations difficiles parce qu’ils sont fragiles. Je suis persuadée que cette vidéo va probablement faire avancer les choses pour que plus jamais une telle situation ne se reproduise dans un collège. Mais je souhaite aussi que plus jamais un autiste ne soit instrumentalisé de la sorte.

7 réflexions sur “ Doit-on exposer son enfant autiste pour dénoncer les violences faites aux autistes ? ”

  • 07/09/2014 à 21:07
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    Merci d’avoir partagé votre sentiment dans ce billet d’humeur. Vous résumez à la perfection ce que je pense de cet incident.

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  • 10/09/2014 à 13:45
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    Oui, je suis tout à fait d’accord avec toi.

    D’une part on a des parents qui veulent que leur enfant aille à l’école. De l’autre on a des enfants qui souvent ne veulent pas y aller, car ils ont peur de l’école, l’école n’est pas rassurante pour eux car on n’y prépare ni les élèves, ni les profs, rien, personne et le directeur/directrice, refuse qu’on fasse une campagne d’information au sein de leur établissement (ce qui contribuerait à améliorer les relations entre autistes et neurotypiques et inversement, pourtant)….

    Mais il y a aussi des parents qui refusent que leurs enfants soient au contact d’enfants autistes (pire encore que handicapé moteur, allez savoir pourquoi….il faudrait leur poser la question je pense). Ce qui a été le cas dans le collège où ma fille a été en ULIS, à Paris, une ULIS qui venait de se créer, des parents attendaient avec impatience que de telles classes s’ouvrent enfin pour que leur enfant soit scolarisé….mais des parents ont milité il parait et se sont indignés auprès de la direction pour que cette classe ne voit pas le jour….pourtant, ça s’est fait.

    Les parents ont même été accueillis en grandes pompes comme on dit, le Préfet, le Recteur de l’académie, etc etc…il y a eu une bonne tardinade de pommade comme on dit aussi….ah ça les pompes des parents n’ont jamais été aussi bien cirées ! Et pourtant, j’ai raté ce RDV (on me l’a raconté) car j’avais mieux à faire qu’à me faire cirer les chaussures par des gens qui ne tiendront de toute façon aucune promesse. Et j’ai eu raison !

    Car si la première enseignante a eu envie de relever le niveau, de faire de l’inclusion, pour montrer que c’était possible, le problème c’est que le niveau de la classe était bas. La majorité des élèves n’avaient jamais été scolarisés auparavant, et ces élèves avaient déjà plus de 16 ou 17 ans….ils étaient « clients » des hôpitaux de jour (je dis clients car vu ce qu’ils rapportent à l’établissement…ils méritent bien ce titre !).

    Oui, déjà en CLIS le niveau est dramatiquement bas. On s’est acharné (malgré le rapport de la psychologue du SESSAD qui parlait de troubles neurovisuels et aussi un compte rendu détaillé de la Fondation Rotschild qui détaillait les besoins de ma fille – notamment l’utilisation d’un ordinateur – qui lui a été attribué un an et demi après la demande par l’Education Nationale – il était temps !) sur ma fille pour lui apprendre à écrire en cursif, lui faisant perdre du temps sur les apprentissages académiques. Elle aurait pu apprendre si on lui avait permis d’utiliser régulièrement son ordinateur, mais non seulement on n’a pas fourni d’ergothérapeute avec l’ordinateur….autant filer un peigne à une poule….mais on la privait de son outil de travail si elle n’apprenait pas par coeur des textes qu’elle ne pouvait pas lire….

    Bref, l’école de la République ayant massacré ma fille et ses capacités ayant été mises à mal, puisqu’elle aurait pu apprendre rapidement (et c’est le cas, à la maison elle apprend à la vitesse grand V), pour le lycée, on projetait de mettre ma fille en lycée technologique, avec que des garçons ou en majorité….et encore pas dans le quartier, pour l’obliger à prendre encore les transports en commun (vu que les transports sanitaires ne sont pas sérieux dans la ponctualité ni dans la qualité du service), on a passé plus d’heures dans les transports en commun (on aurait pu être sponsorisés par la RATP pour le coup) que ma fille sur les bancs de l’école (5h en moyenne par jour pour les 2 premières années et 2h30 les deux années suivantes).

    Je comprends le désir des parents de scolariser leur enfant et dans de bonnes conditions. Je comprends aussi que les écoles déjà saturées d’enfants qui ont tous un profil différent, l’école n’est pas adaptée à la diversité des profils, puisqu’il n’y a qu’un seul profil à qui profite l’école : Celui qui sait se bagarrer, celui qui peut se défendre, celui qui peut apprendre rapidement, celui qui est neuro-standard….

    Dès le moment où votre enfant est un peu original, il vaut mieux chercher des circuits alternatifs et d’ailleurs, bon nombre de parents désireux d’offrir des possibilités réelles à leurs enfants scolarisent leurs enfants à domicile et c’est pas uniquement les parents des enfants autistes et/ou handicapés !

    C’est clair, l’école de la République est foireuse. Le mot est lâché. Il est temps que des réformes concrètes soient posées. C’est pas le rythme scolaire qu’il faut réformer, c’est comme si au lieu de poser une broche dans la jambe d’une personne qui ne nécessite que cette opération, on coupait le bras et on mettait un plâtre à l’autre jambe….ça n’a pas de sens !

    L’école de la République convient elle réellement à tous les enfants autistes et autres ? Pour moi la réponse est NON. Aujourd’hui je dois tout reprendre moi même, les enseignements académiques, depuis le début ou presque (oui, ma fille a fait un peu de ci ou de ça en CLIS comme en ULIS mais aucun programme n’a été vraiment respecté ni tenu…donc elle ne fait aucun lien entre tout ce qu’elle a pu apprendre, ce qui est logique !).

    Est ce que si je trouvais une école où elle puisse apprendre tout à nouveau, qu’on prenne le temps de lui expliquer les choses, qu’on adapte l’école à ses difficultés psychomotrices, etc…je ne serais pas contente de mettre ma fille à l’école….bien entendu ! Oui, je serais contente ! Mais l’école primaire ne prendra pas ma fille car elle va avoir 17 ans le mois prochain. Et la mettre au lycée, même avec une AVS, ça n’aurait pas de sens et je ne suis pas sadique !

    Je suis réaliste (on reproche pourtant aux autistes de vivre dans leur bulle et de ne pas avoir de discernement, mais je pense que c’est l’inverse souvent qui est vrai). Pour dire qu’un enfant est à l’école, on prend le risque que l’enfant soit perdu, malmené, on veut être fier de dire que son enfant est à l’école comme les autres….ok….mais l’enfant dans tout ça ? Il est heureux lui ? Certains le sont et certaines écoles sont vraiment bonnes car dirigées par de vrais pédagogues et humanistes !

    Mais les enfants qui n’ont pas le niveau requis pour suivre en enseignement secondaire ou professionnel, est ce qu’on va les obliger à suivre malgré tout et le stresser tous les jours, le forcer tous les matins, être en guerre avec lui et de le voir dépérir sous vos yeux….juste pour dire qu’il est scolarisé ?

    Pour moi la réponse est encore NON.

    Je sais que je ne me fais pas que des amis dans le monde de l’autisme, car si on martèle d’un coté que l’école c’est obligatoire pour tous, blablabla…ce qui est vrai….ça devrait être un droit fondamental pour tous ! Je ne conteste pas ce fait. Mais de l’autre….de voir que rien n’est adapté et que rien n’est fait pour améliorer les relations entre parents et enseignants, entre parents et direction des établissements….allant jusqu’à amener son enfant devant l’établissement tout en sachant qu’il sera refusé….oui je comprends le malaise. Moi non plus je n’aurais pas fait ça. Pourtant moi on m’a promis à plusieurs reprises que ma fille aurait sa place, et le jour J, on me refuse ma fille, devant elle. Là je dis que c’est incorrect. Ma fille a souffert de cette discrimination. Et elle comprend ce combat, pourtant on dit qu’elle a un QI à 45.

    Donc, je vais retourner faire classe à ma fille, c’est bientôt l’heure. Oui, ce n’est pas parce que c’est à la maison qu’on fait cours qu’on n’est pas sérieuses. Ma fille comme moi, on travaille ensemble et je passe du temps à lui expliquer les choses, si ça ne va pas d’une façon, ça ira d’une autre….et je ne lâche pas un cours tant qu’il n’est pas réellement compris. Et c’est comme ça qu’on avance et qu’elle peut progresser.

    Je trouve que ça ne rime à rien d’enfermer son enfant à l’école pour dire qu’il y va. Si c’est pour ne rien apprendre, parce qu’on le mettra au fond de la classe, parce qu’il dira qu’il a compris juste pour pas qu’on se moque de lui, ou pour faire plaisir….et qu’un jour vous vous rendrez compte qu’il n’a rien retenu, rien compris….là, ça sera trop tard et soit vous le placerez en institution, chose que je ne ferais jamais, soit vous devrez faire comme moi….tout réapprendre, et avec un goût amer dans la bouche….

    Alors école ou pas école, moi je préfère me sacrifier un peu, sacrifier un peu de ma liberté et de ma carrière, de ma vie sociale, de tout ce à quoi je renonce….mais pour rattraper les manquements de l’école de la république à répondre aux besoins spécifiques. C’est pas tant l’école de la république qui est en échec, que les gouvernements successifs qui préfèrent investir dans l’armement et dans les investissements étrangers. On a une politique suicidaire et sectaire et on en fait les frais. C’est sur l’éducation qu’on devrait miser et non sur la recherche pour « guérir les autistes » ! C’est sur les classes pilotes qui enseignent avec de vrais moyens et des formations adaptées, et non dans les hôpitaux de jour ou faire changer 15 fois d’AVS à des enfants qui tentent de suivre en enseignement ordinaire….

    Mais ce pays s’intéresse davantage aux coucheries présidentielles, au fait que les assistés seraient plus riches que les travailleurs moyens, etc…C’est toute la mentalité qu’il faut changer ! Bon, je me suis à la fois égarée du sujet mais pas tant que ça….super article, en tout cas, moi il m’a fait vraiment réfléchir et c’est donc justement un bon article pour cette raison (notamment !).

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    • 12/09/2014 à 14:44
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      Ton histoire est incroyable et pourtant je suis persuadée que ça arrive a plein de parents, mais qui n’ont pas la volonté de te battre que tu as. Cette force que tu as te permets de remettre en question l’ordre établi et de prendre les bonnes décisions. Comme je te l’ai dit, je trouve cela incroyablement courageux et bon de faire classe à ta fille pour palier la déficience de l’EN qui n’a rien fait pour lui apprendre et qui finalement ne l’a pas considéré comme une élève. Et donc je te relance : si tu as envie de faire un article sur la possibilité de faire classe à son enfant à la maison, moi je suis partante. Je pense que cette possibilité doit être montrée aux parents , pour leur faire comprendre qu’il y a aussi ce choix là, plutôt que de laisser leur enfant dans un établissement qui ne va rien lui apporter, ne pas le tirer vers le haut et peut-être même le maltraiter.

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      • 12/09/2014 à 17:59
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        Oui, je pense que je vais faire un article, si je ne le fais pas ce week end, je le ferais la semaine prochaine quand Océane sera avec son éduc qui prendra 2 fois le relais par semaine pour me seconder un peu, car mine de rien, j’ai plus le temps ni d’écrire ni de faire quoi que ce soit en fait, le ménage, tout le reste, c’est un peu vite fait et heureusement, j’ai une fille adorable et serviable qui m’aide !

        Quand on voit combien je me suis battue pour qu’elle soit autonome et qu’elle apprenne des choses, que l’on m’a dit qu’elle ne ferait rien, et qu’aujourd’hui, d’elle même elle me rend service pendant que je fais des courses, oui oui, ma fille à qui on a dit qu’elle ne serait bonne que pour l’institution et c’est pas des blagues, j’ai le courrier de la MDPH qui le prouve.

        Ces gens figent un enfant dans un âge, comme si toute sa vie il aurait le même âge et resterait un enfant….ça n’a pas de sens ! Ces gens étriqués jugent nos enfants et nous jugent….ils disent qu’on ne peut pas progresser ou alors on n’est plus autiste. Je pense qu’ils devraient changer de métier, car ils sont has been. Avoir passé près de 10 ans sur les bancs de la fac pour une formation obsolète et absurde….ça doit foutre les boules oui ! Mais en attendant, ils n’en sont pas conscients ou alors, follement hypocrites !

        Je pense que je vais reprendre ma réponse en base de mon article mais en structurant et en rajoutant des faits.

        Merci encore de ton intérêt.

  • 24/08/2015 à 21:00
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    Je suis d’accord avec vous, je crois. Cette vidéo m’a laissée perplexe (je ne sais pas trop comment exprimer ce que j’ai pu ressentir, c’est pas mon fort), mais je crois que les enfants ne doivent jamais être instrumentalisés. Leur bien-être (je ne parle pas de bonheur, juste bien-être comme inverse du mal-être) doit être une priorité (c’est pourquoi ils doivent aller à l’école d’ailleurs).

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  • 21/08/2016 à 14:19
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    je trouve qu’on ne peux pas vraimrnt se prononce, le jeune garcon n’etait plus un petit enfant , il avait 16 ans ce jour la. il avait donc l’age de donner son avis’ d’accepter ou non d’aller la bas, d’accepter d etre filme et mediatise…

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