Nouveaux regards sur la relation parent-enfant: la parentalité positive – Conférence de Catherine Dumonteil-Kremer

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Suite aux Rencontres des Vendredis Intellos il y a quelques jours sur Toulouse, voici ma retranscription de l’intervention de  Catherine Dumonteil-Kremer concernant la parentalité positive, qui m’a ouvert les yeux sur beaucoup de choses… vous savez, les choses qui sont si évidentes mais que vous avez vraiment besoin d’entendre… et bien les voilà.

Catherine commence sa conférence par une anecdote : en venant sur Toulouse, dans l’avion, un couple avec un petit garçon qui refuse de mettre sa ceinture pendant la descente. Caprices, hurlage, l’hôtesse de l’air se pointe, fait les gros yeux, sermonne les parents en disant : « C’est pas 10 kilos de bébé qui vont commander dans l’avion!« . Voilà ce genre de réflexion qu’on entend à longueur de temps, comme quoi l’éducation est basée sur un rapport de force.

L’éducation basée sur le rapport de force

On nous parle à tort de la toute puissance des enfants sauf que… à la naissance, l’enfant est impuissant, sans ses parents il n’est rien. Dans Mon Oncle d’Amérique, film d’Alain Resnais, on comprend ce que peut vivre l’enfant qui ne peut, dans son impuissance, ni fuir ni lutter contre ses parents; cette impuissance fait qu’on développe des maladies psychosomatiques.

Tout enfant développe des maladies psychosomatiques et il existe une voie pour permettre de récupérer de la souffrance qu’il a enduré, c’est le Travail Emotionnel, qui est en fait l’expression des émotions.

Pas besoin de rapport de force, il faut juste poser des limites à un enfant, mais cela demande de l’énergie, de la créativité et de l’intelligence et c’est un sujet très complexe. Pourtant il y a quelques trucs à connaitre :

  • Les sécrétions d’adrénaline sont contagieuses : quand on s’apprête à poser des limites à un enfant, on est dans un état d’énervement et on sécrète de l’adrénaline => avant même de poser la limite nous allons énerver à son tour notre enfant. C’est pourquoi avant de poser la limite, il faut prendre quelques instants pour se calmer.
  • Un enfant apprend par paliers progressifs, c’est le cas dans tous les apprentissages y compris lorsque vous posez des limites : ce n’est pas parce que vous allez demandez à votre enfant de ne pas faire quelque chose qu’il va ne plus jamais le refaire ; là aussi il lui faudra du temps, car il apprend par palier.
  • L’éducation basée sur le rapport de force entraîne l’enfant à faire des bêtises dès qu’on a le dos tourné. Ca a fait une génération basée sur le « pas vu pas pris »  et cela a formé des adultes qui ne croient qu’en le système répressif pour leurs enfants.

L’empathie naturelle des enfants

Souvent dans l’adolescence, les territoires interdits dans l’enfance sont explorés à cette période, mais parfois l’adolescent va d’autant plus loin qu’il a été contraint à ne pas le faire pendant l’enfance.

Les ainés et les enfants uniques ont peu de crise d’adolescence car souvent ils portent le projet parental et essaient de se conformer à leur parent, à cause de cette empathie naturelle. Les ainés « réussissent » mieux leur vie que les seconds mais ne savent plus qui ils sont au bout d’un moment, puisqu’ils ont adhéré au projet parental… qui n’est pas forcément leur vocation ou leur envie.

Notre passé d’enfant conditionne-t-il la façon dont on va être avec nos enfants ?

En devenant parent, cela réveille nos blessures d’enfant : c’est une succession de processus chimiques dans le cerveau qui fait en sorte que l’enfant va stocker dans l’amygdale les situations traumatisantes qu’il a vécu. Mais à l’âge adulte, il va arriver qu’un détail va faire remonter un souvenir et surtout le fait d’avoir des enfants nous replace dans la situation exacte qu’on a connue enfant et du coup nous faire agir/réagir d’une façon que nous ne voudrions pas.

Pour sortir de ce cercle vicieux, le travail émotionnel fonctionne très bien : on va travailler sur la réactivation du souvenir de ce qui nous met en rage.

Une nouvelle autorité sans punition ni fessée

Pour nous aider à travailler nos traumatismes d’enfance, on peut écrire un journal Emotionnel : c’est un cahier pour décrire ce qui s’est passé dans la journée, on va à la pêche de 2 à 3 situations qui nous ont mis en boule; on recherche ce qui a suscité une réaction disproportionnée pour comprendre à quel souvenir/ blessure d’enfant cette réaction est rattachée. On va alors rechercher ce qui a pu se passer pendant l’enfance.

Le fait d’avoir essayé de prendre conscience de nos émotions va permettre d’augmenter la distance entre l’action de l’enfant et notre colère, et d’évacuer notre colère ailleurs que sur lui.

Ce sont souvent les mamans qui parlent d’adopter ce genre d’éducation sans punition ni fessée, car elles vivent 24h/24 avec les enfants et il faut qu’elles trouvent des solutions mais parfois cela suscite des tensions dans le couple, car chacun est confronté à sa propre éducation.

La violence envers l’enfant

Quand un des deux parents violente l’enfant, il faut se mettre d’accord en amont, vérifier au sein du couple les valeurs de chacun et voir si elles sont communes. On note qu’il y a un pic de maltraitance quand les enfants ont 2 ans. Mais il n’est pas trop tard pour en discuter et trouver comment arrêter l’autre dans ses manifestations de violence : il faut attirer l’attention de la personne par un mot amusant par exemple, qu’on aura définit ensemble à l’avance, qui appelle son attention pour faire basculer la situation d’un début de fureur/violence à l’apaisement.

Il faut savoir qu’un enfant qui a peur n’apprend rien: la dernière chose à faire c’est de lui faire peur ou de lui faire mal.

Avoir conscience des méfaits qu’on a subi étant enfant permet d’éviter de reproduire la violence sur nos enfants. On peut s’excuser de nous en être pris à tort à notre enfant, mais s’excuser à tout bout de champ et à chaque fois qu’on va mal se conduire, exploser, veut dire qu’on réclame l’absolution de nos enfants : c’est facile de s’excuser, il faut faire en sorte que ça ne se reproduise plus.

Et la punition dans tout ça ?

Une punition blesse aussi l’enfant car on va le priver de quelque chose qu’il aime. Il faut que la sanction ait toujours un rapport avec l’acte délictueux comme réparer ce qu’il a cassé, par exemple.

Si on met des conditions sur des choses plaisantes, comme « si tu fais ça tu pourras jouer aux jeux vidéos » ou alors le chantage affectif ( « pour faire plaisir à maman »), cela ne marchera pas non plus.

Le nouveau né communique !

Un enfant à la naissance est juste parfait tel qu’il est, mais même s’il est vierge de tout vécu, il nait avec toute la tension perçue pendant la grossesse de sa mère. Si la naissance et la grossesse se sont bien déroulées, l’enfant naitra dans de très bonnes conditions. On peut déjà communiquer avec lui, il exprime ses besoins de nourriture, il rentre en contact avec nous avec ses mimiques, il exprime son besoin de nourriture et on peut aussi communiquer avec lui en lui expliquant le contenu de sa journée par exemple.

En fait, quand il nait, l’enfant est à un point d’équilibre et tout se passe bien pour lui, sauf que l’éducation va tout déséquilibrer. Dès qu’il est petit, on le décentre de son point d’équilibre. Mais il faut retenir qu’un enfant respecté va être respectueux.

Le nouveau-né va explorer le monde en imitant dès sa naissance. On dit que l’empathie commence dès 14 mois.
Les enfants de 2 ans sont des anges de bonté qui luttent contre les démons intérieurs de leurs parents : c’est dans la vocation de nos enfants de faire ce qui nous plait et ils vont se déformer de toutes les manières pour nous plaire et nous convenir… il ne faut donc pas abuser de notre autorité sans quoi ils risquent de se perdre.

Parfois, on leur fait beaucoup de mal alors qu’ils n’ont qu’un but, celui de nous faire plaisir; cela donne des relations avec les parents qui sont étranges.

A nos enfants, il faut leur montrer comment gérer la souffrance car rien n’est linéaire dans la vie.

Et les ados alors ?

L’adolescent a besoin de confiance.

Alors quand telle ou telle chose nous fait exploser, il faut se poser les bonnes questions  : il faut choisir ses combats et définir nos règles non négociables : il faut définir ce que je ne vais pas supporter chez mes enfants et sur quoi je ne vais pas lâcher. Et pour tout le reste, on doit lâcher !

Donc on définit une ou deux règles sur lesquelles on ne dérogera pas, genre : le vol est interdit.

Certains parlent de la politesse, mais il faut savoir que la politesse s’acquiert au fil du temps et par imitation. A la base, un enfant n’est pas poli ! Mais il enregistre nos comportements et la politesse va venir si on sait être conventionnel avec les autres.

Les bagarres : le bagarres entre frères et soeur sont inévitables donc on peut avoir accepté que les enfants se tapent dans la fratrie, mais en aucun cas avec des enfants extérieurs à la famille. Et du coup, dans le cas d’une bagarre dans la fratrie, on ne doit pas forcément intervenir, on ne doit pas prendre partie, on console juste et on répare les bobos.

Les colères : on doit écouter les crises de rage car il ne faut pas oublier que les règles sont assimilées par palier chez l’enfant. On doit être dans l’écoute quand il y a une crise de rage, qui arrive souvent entre 2 ans et 8 ans.

Pour les enfants qui tapent leurs parents : on doit les en empêcher et la solution c’est de les mettre dans un grand lit pour qu’ils puissent gesticuler et évacuer leur colère sans nous faire mal.

A l’adolescence, l’enfant nous fait des reproches : il faut écouter ses reproches, les reconnaître… mais ne pas se justifier !

 

La place difficile des grands-parents

Ce n’est pas rien de changer de place en passant de parent à grand-parent, c’est très perturbant. « Mon enfant a un enfant mais c’est difficile de ne pas se mettre à la place du parent de cet enfant. »

Il faut que les grand-parents laisse leurs enfants devenir parents et trouver un équilibre. Quand on va chez nos parents, il ne faut pas jouer le rôle de l’enfant mais avoir une relation d’adulte à adulte plutôt que de faire revenir nos parents à leur rôle de parent. Avec eux, il ne faut pas non plus se justifier ou chercher leur validation.

Les émotions sont des processus de guérison

En cas de crise de l’enfant, il faut écouter la manifestation de ses émotions. On peut faire en sorte de relâcher la tension par le rire, en jouant le rôle de l’enfant par exemple : on l’imite en rigolant, du coup il va nous imiter à son tour, et ce jeu d’échange de rôle va permettre de relâcher les tensions.

Bien sûr cela nous demande beaucoup d’énergie mais c’est vital pour l’enfant et l’ado.

Le jeu du karaté chaussettes

Un petit truc pour détendre l’atmosphère et éliminer les tensions dans la famille : on se met tous sur un lit, et le jeu consiste à retirer les chaussettes des autres tout en gardant les siennes : UN JEU AU TOP !

 

Voilà pour ce compte-rendu de l’intervention de Catherine Dumonteil-Kremer, que j’ai trouvé extra  ! Bien sûr mes notes ne retranscrivent pas l’ensemble de ses propos alors si vous avez besoin d’explication j’essaierai de vous en fournir.

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