Bilan de 10 années de psychanalyse sur mon enfant autiste

La psychanalyse n'est d'aucun recours pour l'autiste

Le Petit Prince a Dit :  » Alors on n’y va plus chez Mme X. ? »

Non, c’est fini mon chéri. On va voir une autre dame, une psychologue, elle va t’aider.

Cette question posée par mon fils quand il avait 10 ans (il en a 13 aujourd’hui) est la même qu’il m’a posée la semaine dernière, quand nous avons arrêté de voir la psychologue. Et maintenant, je peux faire un bilan de 10 années de psychanalyse, qui devaient aider mon fils autiste à progresser.

Mon fils a été diagnostiqué autiste en 2006. Il avait presque 5 ans. Il était déjà pris en charge par une orthophoniste (il était non verbal) et par une pédopsychiatre, Mme X, chez qui il a commencé à aller dès ses 3 ans.

Je me souviens de la première séance, je lui avais expliqué comment était le Petit Prince de long en large, elle semblait comprendre. Comme j’étais complètement larguée, que le diagnostic n’était pas encore posé, ça me faisait un bien fou de me confier à une professionnelle, j’avais l’impression d’être soutenue. Pendant les premières séances, je me souviens d’avoir discuté pas mal avec elle en début de séance. On prenait 10 minutes sur les 30 minutes que durait une séance pour parler du Petit Prince.

Et puis ensuite, elle m’a dit que désormais, on discuterait à la fin de chaque séance. Et ça a été comme ça jusqu’au bout. Et franchement, je trouvais ça VRAIMENT bizarre car :

  • C’est moi qui suis en charge de mon fils toute la semaine
  • Je vois comment ça se passe au quotidien
  • Je vois qu’il évolue et est confronté à des difficultés dont j’aimerais parler.

Mais non, je n’avais le droit qu’à mes 5 minutes de paroles en fin de séance, sauf que du coup il y avait une espèce de distorsion entre ce que j’attendais et ce qui se passait en séance :

Mes attentes avec la pédopsychiatre :

  • Pouvoir raconter les problèmes rencontrés par ou avec mon enfant autiste pendant la semaine
  • Que le professionnel puisse agir en séance avec Le Petit Prince

Comment ça se passait en réalité :

  • La pédopsychiatre prenait mon fils en séance
  • Je ne sais pas ce qu’il pouvait lui raconter, surtout qu’il était non verbal
  • Je ne sais pas ce qu’ils faisaient
  • Et à la fin je devais de me dépêcher de lui raconter qu’en fait, ça n’allait pas.

On en est arrivé à une distorsion extrême : de deux fois par semaine, elle a espacé les séances en une fois par semaine, puis en une fois par mois… jusqu’à un point complètement fou :

En CM1, Le Petit Prince allait clairement mal, il a essayé plusieurs fois de s’enfuir de l’école, il se cachait dans les toilettes et en l’espace d’un mois je me suis fait convoquer 3 fois par le CLAE qui voulait que je le prenne avec moi le midi, qui n’en pouvait plus de chercher mon fils partout, etc.

Je fais une petite parenthèse sur ce fameux CLAE qui le midi, à la cantine, avait pris une habitude délirante : quand les 150 enfants étaient tous installés sur leur chaise de cantine, avant le repas, ils avaient l’obligation, au signal, de hurler tous en même temps pendant 1 minute. La directrice du CLAE m’avait expliqué que c’était sa pédagogie pour calmer les élèves avant le repas. Je vous laisse imaginer l’état du Petit Prince quand tout le monde se mettait à hurler en même temps…

On a touché le fond… du problème

Et pendant tout ce mois où c’était l’horreur, où le Petit Prince était vraiment mal, où il pleurait beaucoup, où j’avais peur pour lui en classe, qu’il ne s’enfuie, et bien… je n’ai pas eu de rendez-vous avec cette pédopsychiatre. Mais au rendez-vous suivant, elle a plaisanté : « On dirait que j’arrive après la bataille… » a-t-elle osé dire. Et sa conclusion : « Non, mais, il va bien, on prend le prochain rendez-vous dans un mois ? »

IL VA BIEN

Mon fils parlait peu à cette époque, on comprenait mal le sens de ses propos, c’était confus, comment voulez-vous qu’elle comprenne un broc de ce qui lui est arrivé ? Et comment a-t-elle pu nous dire qu’il allait bien alors que NON, il n’allait clairement pas bien ?

Nous avons décidé de changer Le Petit Prince d’école. En CM1, il a intégré un nouvel établissement. Je me souviens que c’était plus calme pour lui mais comme il ne savait pas bien s’y prendre avec les autres, il parlait de suicide, il parlait tout seul fort, il se bagarrait, il faisait beaucoup de crises quand par exemple il se faisait bousculer.

La psychologue du CMP

Heureusement, il avait un PPS, ce fameux protocole d’aide à la scolarisation,et la commission s’est réunie. Comprenant tout l’enjeu du problème, la référente de scolarité m’a demandé de me mettre en contact avec un CMP qui s’occupait d’enfants autistes parce qu’elle a jugé que le suivi du Petit Prince par la pédopsychiatre était inadéquat.

C’est comme ça qu’on a atterrit, quand Le Petit Prince avait 10 ans, chez une psychologue du CMP avec une prise en charge hebdomadaire que l’on a conservé jusqu’à il y a une semaine. Là encore, j’ai beaucoup parlé au début, et au moins je harponnais la psychologue en chaque début de séance pour lui glisser un petit mot. De son côté, Le Petit Prince verbalisait de mieux en mieux, du moins ses propos devenaient compréhensibles, il arrivait à bien raconter ce qui lui était arrivé donc c’était aussi plus simple pour la psy d’en savoir plus de son côté. De temps en temps, on faisait des points ensemble, où on discutait soit avec Le Petit Prince, soit sans lui.

Quand Le Petit Prince s’est fait agresser au collège l’année dernière, elle a été là pour lui. Comme il était vraiment mal, on a eu aussi un rendez-vous avec le médecin, directrice du CMP, qui lui a expliqué pourquoi il devait continuer à venir au CMP. Au moins là, je dois dire qu’ils ne l’ont pas lâché dans la nature.

La rupture

Nous avons déménagé et tout à changé pour Le Petit Prince. Il va VRAIMENT bien. Nous avons continué à voir la psychologue tous les jeudis soirs, mais ça commençait à devenir fatiguant, car nous enchainions les kilomètres, les embouteillages. C’est pourquoi j’ai pris contact avec le CMP de ma petite ville, et que nous avons commencé une transition de suivi : il va être pris en charge par le nouveau CMP, au début tous les 15 jours avec un groupe d’adolescents.

Maintenant, la vraie question est  : dans quelle mesure la psychanalyse a-t-elle aidé mon enfant autiste ? Et bien…. je ne sais pas. Je ne sais vraiment pas. Je vois bien pour l’orthophonie, je vois bien pour la psychomotricité mais pour l’aspect psychologique, je ne sais pas.

Parce que ce n’est que depuis que nous avons changé de ville, d’environnement, de collège, que mon fils va mieux.

Je reste persuadée que si j’avais pu d’avantage discuter des difficultés que nous rencontrions au quotidien, la pédopsychiatre aurait pu adapter sa stratégie et aider de manière adéquate mon fils. Au lieu de ça… je ne sais même pas si elle agissait a posteriori. Je ne sais pas du tout ce qu’elle faisait avec lui. Et ça me pose un problème énorme.

Avec la psychologue, c’était différent. Ils parlaient beaucoup tous les deux, et elle ne m’a jamais dit : « Il va bien » quand tout allait mal. Le dialogue entre nous était installé, et pour moi c’est très important.

Pour les psys  :

Bref, mon bilan de la psychanalyse est plus que mitigé. Vous en penserez ce que vous voudrez. S’il y a des psys dans l’assistance, voilà un résumé de comment je vois les choses :

Avec mon fils, je navigue à vue : je ne fais que m’adapter aux nouvelle situations qui surviennent devant lui ; j’anticipe quand je peux, je corrige si je peux, j’agis a posteriori.

J’attends d’un professionnel qu’il puisse m’aider à maintenir notre barque à flot en me guidant dans la houle, et qu’il aide mon fils en lui montrant la rive qui nous attend pour que nous puissions enfin débarquer dans un monde serein pour lui.

J’ai besoin de comprendre et voir les stratégies mises en place pour que l’autisme ne soit pas un frein dans nos vies.

Je veux pouvoir appeler à l’aide quand j’en ai besoin.

La méthode utilisée m’est complètement égale : ce que je veux, ce sont des résultats.

8 réflexions sur “ Bilan de 10 années de psychanalyse sur mon enfant autiste ”

  • 03/05/2014 à 19:50
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    J’ai fait un an de psychanalyse: je ne lui parlais de presque rien et sortais « en crise »…
    Et vu qu’un psychanalyste pense que la cause de l’autisme, c’est la relation à la mère, j’ai du mal à voir comment ça aide.
    La compagne de mon père était psychanalyste (elle est retraitée), je crois qu’au début, je faisais une crise chaque fois que j’allais chez eux…
    Bref, un psy, oui, mais pas psychanalyste, pour moi.
    Le psychiatre qui m’a le plus apporté fait une thérapie cognitivo-comportementale.

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    • 04/05/2014 à 11:55
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      Ah en tout cas c’est ce que préconise la HAS : pour l’autisme il est recommandé de suivre une thérapie comportementale. Du coup tu confirmes ce que je pense, et c’est aussi en cela que la France a 30 ans de retard sur les USA : la psychanalyse est innéfficace pour les autistes. Dommage, on n’a pratiquement que ça en France…

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    • 01/07/2014 à 18:03
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      Heureusement les psychanalystes ont avoué leur ÉNORME erreur, l Autisme n est en aucun cas la faute des parents et en particulier des mères!!! Néanmoins certains symptômes autistiques se retrouvent chez des enfants carencés ou dans une relation compliquée a la mère qui peut inconsciemment l empêcher de se détacher d elle et s autonomiser ou d autres encore trop effondrées psychiquement elles mêmes pour assurer une sécurité affective de base nécessaire au développement de l enfant… D ou sans doute aussi cette horrible confusion…
      Maintenant il me paraît souhaitable voire indispensable qu un enfant est son propre espace de soin, d ailleurs verbal ou non verbal chacun peut « dire » et montrer beaucoup a chaque professionnel, comment travailler sinon avec des bébés par exemple?
      Accompagner le parent dans sa souffrance, dans ses questionnements comme dans ses joies est indissociable du travail avec l enfant mais le lieu de soin s il peut accompagner ne peut pas s occuper de l enfant ET du parent pour diverses raisons, il me semble important que le parent ait son propre lieu de soin ou groupes de parents car les sceances en CMP ou autres sont POUR l enfant.
      Chaque professionnel est différent, toutes les disciplines évoluent… Et nous souhaitons que cela avance plus vite encore et qu ENFIN on nous en donne les moyens…
      Beaucoup de courage, soutien, patience et bienveillance

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  • 04/05/2014 à 12:30
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    je suis dans le meme etat tout au debut quand jallais au camps de la timone je navzi aucune reponse etelle mecoutais a peine donc jai change de camps et la jai eu une vraiecoute avec une psy rien que pour moi pendan une demi heure ou je peu dire tout ce qui se passe dan sla semaine et qui maide a vivre un peu mieu lautisme de mon fils car la psy qui nous recoit t ne nous dit rien et nous apporte aucune aide e aucune reponse mais impossible dy echaper et tous le smois cela recommence

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    • 05/05/2014 à 18:54
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      ET changer de psy, c’ets possible aussi ! Elle est payée pour ça, et si ça ne fonctionne pas, vous avez aussi le pouvoir de changer de psy… Il ne faut pas hésiter !

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  • 06/05/2014 à 09:00
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    Bonjour j’ai commencé une thérapie de groupe au cmp en sept ma petite mounette a 2 ans lorsqu’on a commencé, elle ne parle pas elle ne parle toujours pas a 2 ans et demi mais sort quelques mots pas toujours coherant mais ça commence. Mais ce n’est pas Grace a la thérapie mais plutot a maman qui s’acharne pour aider sa petite mounette a évoluer a son rythme si j’écoutais le cmp qui pourtant est très bien car tous les cmp ne sont pas bien non plus il faut être patient ça je l’avais bien compris seulement ils n’essaye pas de t orienter vers une solution d’aide pour qu’elle évolue en clair en France non seulement on est en retard mais on a le droit a des phrases type toute faite : on vous comprend (mais on peut rien faire de plus) je me renseigne donc sur internet et seule pour la faire avancer. J’ai commencé l equitherapie qui est une thérapie avec le cheval et oui le cheval peut aider votre enfant biensure il faut du temps de la patiente. Les séances effectués sont vraiment bénéfique a savoir que les 3 premières séances elle voulaient pas monter sur le poney et puis 4 elle séance elle adore elle sort des mots elle a gagné de l équilibre et puis le compte rendu de ses 3 premières séances mon fait pleurer de joie car c’est bien la première fois qu’un spécialiste me décrit ma fille comme elle est vraiment ça ma touché et on continue malgré les km a effectué etc faut jamais lâcher et ne pas écouter tout ce que disent les spécialiste prendre le meilleure et laisser le mauvais et croire qu’un jour peut être la science sera faire un miracle qui sait et puis si c’est pas possible on fera avec. Le problème en France c’est que l’autisme est méconnu de certains comme beaucoup d handicap d’ailleurs des campagnes de sensibilisation et d explication dans les écoles auprès de jeunes enfants seraient faire évoluer cette mentalité bien française de mettre a l’écart se qui derrange se qui est méconnu. Pour en finir avec la thérapie pour ma part le cmp c’est une séance de jeux pour ma fille a son âge elle fait pas de progrès la bas(1 fois par semaine) mais a l equitherapie (2 fois par mois)elle ma bluffer Cecile sa coach elle la adoptée des la première séance et lui répond plus qu’à nous parent dure a avaler mais elle arrive a exécuter une consigne simple dire non on est aux anges miracle

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  • 06/07/2016 à 11:16
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    Je ne comprends pas bien pourquoi vous parlez de « psychanalyse ».
    La psychanalyse est une branche de la PSYCHOLOGIE (et non de la PSYCHIATRIE), il existe des psychiatres psychanalystes et des psychologues cognitivistes (thérapies comportementales etc) mais globalement vous avez + de chances de tomber sur un psychologue psychanalyste que sur un pédopsychiatre psychanalyste.

    Cette pédopsychiatre, Mme X, vous a-t-elle dit qu’elle faisait une psychanalyse à votre fils ?, vous en avez parlé avec elle ? Ou c’est vous qui déduisez des séances que c’était une psychanalyse ?

    D’après votre témoignage, je crois comprendre qu’elle effectuait non pas une psychanalyse mais ce qu’on appelle une thérapie de soutien, c’est-à-dire principalement assurer une « veille », surveillance, encadrement psychologique ou psychiatrique auprès de personnes en difficulté (toutes difficultés confondues : deuil, divorce, échec scolaire, dépression etc..), et effectivement c’est assez inadapté (ou insuffisant en tout cas) pour un enfant atteint de TSA, surtout non-verbal ce qui était le cas quand elle a commencé les séances avec votre fils.

    Enfin, je rejoins les commentaires précédents : la psychanalyse est totalement inadaptée, voire même néfaste, à la prise en charge des personnes atteintes de TSA. Il faut donc se montrer vigilant lorsqu’on choisit (si on peut choisir.. mais c’est un droit au sens légal) le « psy » de son enfant : psychiatre (formation médicale) ou psychologue (formation psychologique) ?, et surtout : psychanalyste ou non ?
    Il faut poser franchement la question au psy (psychiatre ou psychologue) : « Êtes-vous psychanalyste ? » ou « Avez-vous une approche psychanalytique ? », et si possible se renseigner (on a le droit de vérifier les diplômes du psy, et leur intitulé est plein d’informations.. 😉
    Si c’est un psychanalyste : il faut fuir 😀 Et s’orienter plutôt vers des thérapies cognitivo-comportementales.

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