Des moments de tendresse retrouvée : autopsie d’un changement

autisme calins et tendresse

Le Petit Prince a Dit : « On fait un câlin, Maman? »

C’était hier, après le goûter, on s’est mis dans le canapé et Le Petit Prince m’a pris dans ses bras. Quel bonheur, quelle tendresse ! On est resté là, tous les deux, à bavarder de tout et de rien, il était tout contre moi.

Nous avons toujours été hypers proches mais ces dernières années ont été si dures que les moments de câlins se faisaient rares, et puis Le Petit Prince n’aimait plus trop qu’on le prenne dans nos bras, il avait grandit.

Mais comme je vous l’ai dit, nous avons déménagé l’été dernier, et tout a changé. Moi aussi j’ai changé. Parce que c’est tous les jours que j’apprends, que je me cale sur le Petit Prince et ses comportements, pour l’aider au maximum, et des fois c’est si dur, je me plante complètement.

Pour vous expliquer, cette année, Le Petit Prince est enfin apaisé, il a des amis, ça se passe bien au collège mais pour le coup, si c’est un vrai soulagement pour moi car il a une intégration parfaitement réussie dans son nouvel environnement, il a régressé largement dans ses résultats scolaires. Oui c’est vrai, on s’en fout des résultats : quand on a un enfant autiste, ce n’est clairement pas les résultats scolaires qu’on vise, mais tout un tas d’autres choses tellement plus essentielles, comme le langage, la propreté, la sociabilité.

Mais voilà, j’ai moi aussi un vécu, et il faut que je compose avec. Dès mes 10 ans, mes parents m’ont dit que je ferai des hautes études, Polytechniques ou l’ENA (« Mais l’ENA c’est moins bien » disaient-ils). Bref, les études devinrent ma bête noire, un sujet de dispute avec mes parents, car bien évidemment, je n’étais pas à la hauteur de leurs attentes. Il me reste de cette période cette peur de l’échec scolaire. Que j’ai reportée sur le Petit Prince.

Quand on est parent d’un enfant autiste, on fait notre possible pour s’adapter à lui, on ne place pas la barre trop haut, on est attentif à ses besoins. On modifie tous nos comportements innés pour accueillir tous les changements nécessaires pour bien élever notre enfant. Mais ce qu’on est intrinsèquement, nos faiblesses, nos peurs enfantines peuvent remonter à la surface et entraver tous nos efforts.

C’est ce qui s’est passé pour moi cette année. J’ai enfin vécu le repos de l’esprit en ne m’inquiétant plus la journée pour le Petit Prince pendant qu’il était au collège. Du coup, l’esprit libéré de cette préoccupation qui durait depuis sa naissance, une autre frayeur a pris le relai : celle de l’échec scolaire.

Alors j’ai vraiment TOUT fait pour que Le Petit Prince remonte la pente, en vain, plus j’essayais de l’aider, plus ses notes étaient mauvaises. Rappelez-vous, j’en avais parlé dans cet article et dans celui là aussi.

Alors j’ai fait constat de mon échec. C’était moi qui avait peur de ses mauvaises notes, lui il s’en fichait. J’avais peur qu’on me demande de le faire redoubler, j’ai eu peur de devoir encore me battre, de devoir justifier le fait que non, il fallait que malgré tout Le Petit Prince continue sur sa lancée. J’avais peur qu’en le faisant redoubler, tout le changement positif de ces derniers mois retombe comme un soufflé. Je ne voulais pas qu’il soit séparé de son meilleur ami et de ces autres camarades avec qui il s’entend bien.

Depuis un mois, je le laisse complètement tranquille, je le laisse gérer ses devoirs. Je vérifie juste qu’il les fait, mais je ne l’oblige pas à réviser les leçons avec moi. Et vous savez quoi? Ses notes sont remontées dans pratiquement toutes les matières : il a au dessus de la moyenne.

Je comprends qu’en lui montrant ma confiance en lui, en le laissant autonome et en ne lui mettant pas la pression, Le Petit Prince a repris confiance et je suis persuadée que c’est ce qui explique ses meilleures notes.

C’est ce qui explique aussi les câlins. Il peut se sentir plus proche de moi physiquement, car il sait que je ne vais pas le harceler avec les devoirs à faire et avoir juste envie de s’enfuir !

Et vous savez quoi ? Le Petit Prince m’a fait changer sur ce point, car je me sens libérée du poids des études que je me trimbale depuis que je suis petite. Lui il a changé aussi, il est un ado comme les autres, avec ses particularités mais qui n’en a pas ? Alors moi aussi j’ai envie de lui faire des câlins, de retrouver de vrais moments de grande tendresse.

Ce que je peux tirer de cette expérience, c’est que nous, les parents, nous ne sommes pas parfait ! C’est vrai qu’élever un enfant autiste n’est pas facile car nous devons vraiment modifier nos croyances, nos comportements, nos a priori pour rentrer en communion avec notre enfant, le faire évoluer et l’emmener dans notre monde. Mais lui aussi nous apporte tellement à sa façon qu’il nous aide aussi : c’est en cela qu’il est extra-ordinaire. Il faut avoir confiance en lui, car il est plein de ressources.

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