L’apprentissage des tâches ménagères ou la difficulté de réaliser une suite de tâches

autisme et tache

Le Petit Prince a dit : « MAIS ARRÊTEZ DE ME DIRE DE FAIRE PLEIN DE TRUCS EN MÊME TEMPS !

Au programme : c’est pas simple de suivre une suite de consignes, dans l’ordre, du début à la fin, dans les tâches quotidiennes

– Petit Prince, tu mets la table ?

Pour moi, quand j’étais petite, ce genre de tâches m’exaspéraient au plus haut point. D’abord parce que je devais systématiquement monter sur une marche pour récupérer verres et assiettes dans les placards trop hautement disposés. Et puis surtout parce que cela m’extrayait systématiquement de mon activité favorite : la lecture. Bref, je n’éprouvais aucun plaisir dans les tâches quotidiennes que ma mère m’exhortait à faire, tandis que maintenant… et bien non plus, mais au moins, je sais le faire, et je le fais bien.

Alors pour moi il s’agit de transmettre un peu de cela à mes enfants : par de petites tâches, on leur apprend à s’émanciper, à gagner en autonomie, et un beau jour, quand les chenilles seront devenues papillons, elles sauront parfaitement reproduire ces gestes familiers.

Mettre la table, ranger sa chambre, faire son lit, passer l’aspirateur…

Pour le Petit Prince, jeune ado autiste de 12 ans, il faut bien voir que cette éducation-là équivaut un vrai parcours du combattant.

Je vous explique : mettre la table, ça implique de débarrasser la table s’il reste des choses dessus, puis de mettre les sets de table, les assiettes, les couverts, les verres, les serviettes, l’eau… et déjà là on est pas mal.

Il s’agit d’une suite d’actions à mener, dans l’ordre, pour arriver à un résultat final qui est : « La table est mise ».

Et c’est quand le Petit Prince me dit  : « Ça y est, j’ai fini ! » que l’on constate qu’ il manque un verre, les serviettes, et qu’il a oublié l’eau. Et ça, c’est après des mois d’entrainement ! Pour le Petit Prince, c’est vraiment compliqué de savoir quand commence une tâche et comment elle se termine.

Le petit truc pour l’aider à progresser, ça a été les listes. Et le bourrage de crâne. Quand je dis bourrage de crâne, il n’y a pas de maltraitance, hein ! Non, juste que j’ai rabâché, rabâché pour dédramatiser, pour que mettre la table ne devienne pas le moment horrible de sa journée. A noter que j’aurais pu laisser tomber et la mettre moi-même, mais bon : voici deux bonnes raisons pour persister dans l’apprentissage des tâches ménagères à nos enfants, même les autistes :

  • Un apprentissage n’est jamais une perte de temps pour un enfant : autonomie, confiance en soi, réussite à la clé, tout ça tout ça.
  • Nous faisons de toute façon 90% des tâches ménagères, alors pour une fois qu’il peuvent être utiles, nos petits chéris, on ne va pas s’en priver !

En cas de découragement, pensez que oui, si, obligatoirement, un jour, il sera autonome sur la table/la sortie de poubelle/le rangement de sa chambre etc. Et ce jour là, ce sera votre victoire ! Et la sienne aussi, il ne faudrait pas l’oublier. Mais pensez qu’à ce moment là, il n’aura plus aucune raison de ne pas le faire, héhé.

Bref, revenons à nos moutons. Pour que le Petit Prince sache comment mettre la table, il a fallu faire une liste, ou une recette – le terme est peut-être mieux approprié- dans l’ordre, des tâches à reproduire.

Idée pratique pour faire une recette :

  • On a collé un papier Véleda sur le frigo, comme ça on a pu écrire exactement ce qu’il fallait faire et ajuster quand on avait oublié un truc.
  • Pour que ce soit bien lisible, on a utilisé des feutres de couleurs, et des dessins pour représenter les objets à mettre sur la table.
  • Comme le Petit Prince aime les chiffres, on a écrit l’ordre des tâches en mettant 1,2,3… devant chacune.

Pour mettre en pratique :

  • La recette ne suffit pas, il faut expliquer chaque tâche, la rendre compréhensible et l’ordonner dans un tout qui est une action  globale de mettre la table.
  • Il faut montrer par quoi on commence.
  • Définir systématiquement une tâche de fin : nous avions choisi que le fait de poser la bouteille d’eau sur la table serait la dernière tâche de l’action « mettre la table ».
  • Et avec beaucoup de patience, répéter, réexpliquer, rappeler de lire la règle !

Des idées d’autres listes/recettes :

  • Comment se brosser les dents
  • Comment prendre sa douche/bain
  • Comment s’habiller

Le succès au bout du chemin :

On a commencé cet apprentissage quand il avait 8 ans. Bon, il y a eu quelques verres de cassés, mais 4 ans plus tard, c’est plutôt pas mal !

D’ailleurs je me souviens que quand on lui a dit qu’il fallait qu’il apprenne à mettre la table, il a fait des efforts terribles et il était tellement fier qu’on lui confie cette responsabilité que plusieurs fois il a mis de lui même la table du petit déjeuner et nous préparait des « surprises » avec par exemple des gâteaux cachés sous les serviettes, c’était trop mignon !

A midi, j’ai demandé au Petit Prince de mettre la table. Il n’y a plus la liste sur le frigo, il n’en a plus besoin. Tout était à sa place, sauf l’eau et le bavoir de la Petoufette, mais bon, c’est déjà pas mal !

Chaque jour est une victoire, ou une occasion de découvrir un nouveau moyen d’aider le Petit Prince a grandir.

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