L’opposition : ma fille a 4 ans et elle dit non.

L'opposition et l'autisme

NON ! Non, non, non.

Ma fille n’est pas autiste, contrairement à son frère. Elle semble être neurotypique à première vue, mais je n’exclue pas un petit TDA/H de derrière les fagots à surveiller. Et ma fille est dans sa période d’opposition.

L’opposition, c’est ce qui fait le sel, ou plutôt le désarroi de tous les parents d’enfants autistes qui doivent lutter au quotidien, avec presque une impression de se battre contre leur enfant qui, s’il ne prononce pas le mot « non » quand il est encore non verbal, sait parfaitement bien l’exprimer autrement.

Je me souviens de mon fils, blond et filiforme, format coton-tige, se mettant presque en position de sumo, prêt à contrecarrer toutes mes velléités de bisous / mettage de pull / enfilage de pantalon / prise de menotte direction l’ascenseur (rayer la mention inutile).

Je vous ai déjà raconté l’école maternelle ? En petite section, il ne parlait pas. Pour me dire qu’il ne voulait pas y aller, il se roulait systématiquement par terre à 10 mètres de l’entrée de l’école en hurlant et sifflant tel un chat acariâtre. En moyenne section, après une année d’orthophonie, le « non » est arrivé et donc là il a pu, en plus de se rouler par terre en hurlant, verbaliser un NONONONOOONOOON tous les matins devant l’école. Et aaaahhh, en grande section, la consécration, puisqu’il a commencé à un peu plus parler ; j’ai eu alors droit à un  : « NON VEUX PAS L’ECOLE » toute l’année.

Alors on peut le voir de deux façons. La première : la mère (moi) qui torture son enfant à le forcer à aller à l’Ecole. Je répondrai que sans l’école, sans particulièrement cette directrice de maternelle, je n’aurais probablement pas eu d’AVS et mon fils n’aurait pas pu avoir une scolarité ordinaire. Et sans cette scolarité ordinaire, je ne suis pas certaine que en 3 ans on soit passé d’un hurlement à un « NON VEUX PAS L’ECOLE ». Ben ouais, c’est ma conviction. D’autant plus que par la suite, le langage s’est petit à petit installé et mon fils est parfaitement verbal ET compréhensible aujourd’hui.

J’insiste sur le côté compréhensible : jusqu’à ses 12 ans, mon fils était verbal mais ses conversations étaient décousues, souvent hors propos, il avait du coup du mal à trouver des camarades car intéragir avec eux en leur livrant brut de décoffrage la pensée qui lui traversait l’esprit à ce moment là le faisait passer au mieux pour un original, au pire pour un fou. Mais ça aussi, ça s’est débloqué.

La deuxième façon de voir les choses est de se dire que les progrès de cet enfant furent considérable en quelques années ! Je rappelle qu’avec le diagnostic, l’avenir se montrait loin d’être radieux et alors qu’on se demandait s’il allait arrêter un jour son flapping, on voit mon bambin réagir avec fermeté contre l’adversité et proclamant haut et fort un NON clairement verbalisé. Qui l’eut cru ? L’opposition, finalement, n’aurait-il pas déclenché la verbalisation ? Ca fait un peu l’oeuf et la poule comme question…

Et bien voilà, ma fille aujourd’hui a 4 ans et elle dit non. Tout le temps. Pour un oui ou un non. Elle n’arrête pas. Elle me fatigue autant que quand mon petit bonhomme se roulait par terre pour s’exprimer. Je ne pensais pas revivre ces moments là à vrai dire. Et je suis peut-être injuste : ce que je pardonnais à mon fils, je ne le pardonne pas à ma fille.

Pourquoi ? Parce que chez un autiste, l’opposition n’est pas un caprice, c’est un moyen d’expression. Chez ma fille en revanche…

Alors vive l’opposition chez les autistes, c’est ce qui les fait progresser, avancer, appréhender le monde qui n’est pas façonné pour eux.

3 réflexions sur “ L’opposition : ma fille a 4 ans et elle dit non. ”

  • 24/06/2015 à 18:33
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    Mon ainée (20 ans 3/4) est TSA, la plus jeune (14 ans 1/2) est TDAH. C’est étrange, mais c’est fou toutes les similitudes que je vois entre ces deux là….En plus, on ne peut blamer l’hérédité & la génétique, la deuxième est adoptée! 🙂

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  • 24/06/2015 à 21:42
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    comme on dit toujours , pas simple d elever des enfants et pourtant , on arrive a se controler et a gerer toutes sortes de situations !!! le « non » est quelque part positif , enfin moi je l ai pris des que je l ai entendu de sa bouche mdrr , je me suis dit ca y est il reagit qomme touts les enfants LOL ; avec sa soeur , je te rassure il est venu plus tot et en ce moment , derniere annee de primaire ca commence a vouloir jouer les grandes aie aie , dc courage on est dans le meme bateau et d ailleurs je pense comme toi , c est fatiguant !!!

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  • 26/06/2015 à 10:55
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    Ce qui est drôle, c’est que cela nous met dans des situations que les autres parents regardent quelques fois d’un drôle d’oeil. En effet, trop contente que fiston verbalise son « non », et bien au début …. je m’exécutais ! Beinh oui, si il prenait la peine de verbaliser, il fallait que je le récompense en accédant à sa demande, ce qui a donné : tu veux de la viande « NOOOOON », mange tes légumes « NOOOOOON » , vas dans le bain « NOOOOON », Sors du bain « NOOOON », et moi « d’accord » …. Maintenant le non est trèèèèèèèèèèès bien installé, donc je n’obéis plus à Monsieur mais il fallait bien en passer par là.

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