Les problèmes sensoriels : vont-ils diminuer avec le temps ?

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Le Petit Prince a Dit : « Gros câlin Maman ! »

C’était hier soir, mon fils m’a prise dans ses grands bras (et oui, il est plus grand que moi !) et je me suis rappelée combien cet acte de tendresse était inespéré il y a quelques années, parce que son autisme était responsable de difficultés au niveau du toucher et de l’audition.

Mais comme je le répète au fil des articles du blog : rien n’est figé, rien n’est irréversible avec l’autisme, la preuve  :

Je me revois encore avec Le Petit Prince quand il avait 3 ans, il s’asseyait sur mes genoux le matin, et mettait sa tête contre mon visage ; je pense qu’il aimait sentir mon souffle chaud dans ses cheveux, que dans mes bras, tout entouré, il se sentait apaisé et protégé de l’environnement extérieur ;  j’étais sa carapace. Il a gardé cette habitude pendant des années, à me faire signe de me mettre sur le canapé, de mettre un dessin animé et de le prendre sur mes genoux.

Une carapace pour le préserver

Il avait une autre habitude : quand on sortait, je devais mettre ma main sur sa tête. C’était particulièrement une demande de sa part quand on était dans l’ascenseur, que l’on marchait près d’un endroit bruyant, il prenait ma main et la posait au sommet de son crâne. Et quand il avait peur, il devenait un petit koala qui s’accrochait à moi comme s’il avait peur de tomber.

A la maison, les bruits de travaux, et même l’aspirateur le dérangeaient, ce qui était étonnant puisque vers 1 an il ne montrait aucune émotion quand on coupait le son de la télé ou que je passais l’aspirateur à côté de lui. Les bruits stridents étaient vraiment problématiques : il était très difficile de percer un mur quand il était à la maison, car il se mettait à trembler de tout son corps, on voyait que c’était vraiment désagréable et choquant pour lui. On a trouvé alors une parade vers 5 ans : on lui mettait un casque anti-bruit sur les oreilles et je restais avec lui dans une pièce éloignée de l’épicentre du bruit pendant toute la durée des travaux.

En maternelle, il a participé à un spectacle de danse, mais la musique était trop forte et il a eu du mal à le supporter. Par contre à la maison, il adorait écouter de la musique. Vers 2, 3 ans, il écoutait les albums d’Henri Dès en boucle, puis du classique, comme Pierre et le Loup raconté par Gérard Philippe, le Carnaval des Animaux et Pier Gynt en conte. Mais avec les années je me souviens qu’il a eu des difficultés avec certaines musiques qui l’angoissaient. Je me souviens très bien de l’avoir vu en panique la nuit : il ne pouvait pas s’endormir parce qu’il avait une chanson qui lui trottait dans la tête et qui lui faisait peur. C’est arrivé même le jour mais je n’ai jamais su de quelle chanson il parlait. Dans ces moments-là, il était très angoissé.

Je pense que c’est parce qu’il était angoissé que son angoisse se manifestait par une chanson lancinante et pas l’inverse. La chanson était une manifestation de son inquiétude.

Une bulle qui s’ouvre

Avec l’arrivée de la parole, Le Petit Prince a modifié son comportement. Il a d’abord arrêté de mettre ma main sur sa tête, puis de mettre sa tête contre mon visage. Il a commencé à jouer avec les autres, et non plus en parallèle, ce qui l’a forcé à rentrer en interaction physique avec les enfants. D’un côté il mettait son toucher à l’épreuve en étant en contact au cours des jeux, et de l’autre il diminuait les moments de « câlins » à la maison. Comme il devenait plus ouvert, on a bousculé un peu les choses en faisant des séances de guilis à la maison : sur mon mari, sur moi ou sur Le Petit Prince, on déclarait un moment de chatouille. On commençait souvent par nous, et Le Petit Prince adorait nous faire des chatouilles. Puis il se laissait volontiers faire et riait aux éclats. On terminait ses moments de folie par un câlin collectif qui faisait redescendre la pression. Et Le Petit Prince n’était pas le dernier à déclarer ouvert un moment de chatouille !

Cela a permis de dédramatiser le toucher, je crois, car c’est devenu de plus en plus facile pour lui de venir vers nous et de nous faire des guilis, des gratouillis ou même des câlins : avant il était passif, et désormais il était actif.

Au niveau de l’ouïe, nous avons compris très vite qu’il aimait la musique. On lui a montré comment se servir de Deezer, et il a commencé très tôt à créer ses propres playlists. Son style musical était complètement Rock dès ses 8 ans et il aimait passer du temps à rechercher des morceaux et à les écouter. Loin de l’isoler, la musique lui a permis de se rapprocher d’autre jeunes garçons de son âge qui partageaient la même passion.

Il a alors exprimé le désir de faire un sport. Les jeux de balles étaient très compliqués pour lui : il a toujours eu du mal à attraper le ballon étant petit, et à le lancer et il a dû attendre encore quelques années avant d’acquérir cette faculté. Le judo était plus indiqué pour lui, car il n’était en contact qu’avec un seul adversaire. Il en a fait toutes les semaines pendant 3 ans, a passé sa ceinture orange l’année dernière et a décidé de s’arrêter… pour jouer au handball.

Je pense que le judo lui a permis également de développer le toucher en l’obligeant à saisir, bouger, toucher, tenir, pousser et tirer avec ses mains, ses jambes et d’utiliser son corps en opposition avec son adversaire.

Qu’en est-il aujourd’hui ?

Le Petit Prince n’a plus de problème avec le toucher : il aime nous masser le dos (pour obtenir en échange des bonbons…), il joue donc au handball, il me prend dans ses bras pour me faire un câlin, il porte sa soeur.

Je note qu’il aime porter plusieurs couches de vêtements, je pense que c’est une sorte de protection pour lui : par exemple parfois quand il fait chaud, il va garder un sweat-capuche parce qu’il se sent mieux avec.

Il n’aime pas trop les bruits, mes les tolère plutôt bien. Je l’ai même emmené à un concert, avec des boules Quiès ou Ears dans les oreilles pour atténuer la gêne et il s’est bien amusé. Mais d’une manière générale, il n’aime pas la foule et les bruits de foule, comme les cris, car il ressent la tension et l’agressivité et cela lui fait peur.

Tout cela pour vous dire que rien n’est jamais figé :

  • Il était non verbal, c’est devenu une vraie pipelette
  • Il n’avait jamais de comportement de tendresse spontanée, il me prend dans ses bras aujourd’hui
  • Il était nul en jeux de balles, il est dans une équipe de handball et se débrouille plutôt bien
  • Il était terrorisé par les bruits forts, il s’en accommode maintenant
  • J’étais sa main outil pour lui faire des gratouillis, c’est lui qui me masse le dos désormais

J’oublie certainement plein de choses, mais ce que vous devez retenir, c’est de ne jamais douter de la capacité d’évolution de votre enfant, et que les difficultés de nos enfants  autistes au niveau sensoriel se modifient avec le temps, et dans la majorité des cas s’amenuisent à un niveau tolérable et gérable au quotidien. N’oubliez pas aussi qu’en grandissant votre enfant va développer sa capacité de prévenir et se protéger face aux situations de gêne sensorielle.

 

6 réflexions sur “ Les problèmes sensoriels : vont-ils diminuer avec le temps ? ”

  • 30/05/2014 à 09:11
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    Et oui ils changent un jour on se dit ils y arriveront jamais alors que ci petit a petit ils prennent confiance. Moi c’est l inverse ma fille jusqu’à 18 mois ne tenais pas en place jamais de câlin s’était une curieuse qui touche a tout grimpais partout avait peur de rien, elle adorait les sons et lumières et puis ça a changé elle est devenu très câline très tactile elle aime me toucher et toucher certains détails ou les matières murs tapis objets etc puis les sons et lumières aux oubliettes c’est devenu des alignements de bonhomme ou des réunions d’objets en tout genre alignes avec soins et attention car si ça tombe qu’elle n’y arrive pas ça gueule. Et puis elle fais de moins en moins d alignements c’est pas systématique pas tous les jours. J’en traduit qu’elle demande de la nouveauté aussi j’ai l’impression qu’elle s’ennuie en elle elle a fait le tour de ses idées et elle part dans son monde. Quelque fois elle touche les autres enfants aussi eux ne comprennent pas toujours sa manipulation et elle fais plus doucement qu’avant parce qu’elle c’est une tactile ce qui nous a d’ailleurs troublé sur son éventuel diagnostic mais elle présente bien les troubles dit ted sauf que petit a petit elle débloque des moTs de 3 on est passé a 20 elle commence a pointer du doigt nous regarde de plus en plus dans les yeux etc après j’aime aussi ses petits délires car je la voit tellement concentrée dans ses alignements et plus ça nous gêne plus ils continue je la laisse faire elle s’arrête un jour et passe a autre chose

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    • 02/06/2014 à 09:30
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      Bonjour ! Merci de ce commentaire, c’est super de voir les progrès de votre fille, vous pouvez être fière de vous deux, vous avez bien travaillé ! C’est merveilleux ! Pour les alignement, oui, il faut laisser faire, sinon ça va la perturber.

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  • 30/05/2014 à 09:15
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    J’ai oublié une anecdote pour la crème car ma fille ne voulait pas qu’on lui mette de la crème et crème solaire galère. Alors j’ai fais diversion avec des massages juste après le bain je lui mettais la crème et je lui fais un super massage les pieds elle adore au début elle rigolait sa chatouille puis elle a adore cette petite séance après le bain le visage également et puis je prend sa main pour qu’elle étale et elle le fais et est contente biensure je rajoute exagérément comme tu es toute belle waouh et elle souri depuis la crème c’est un jeu d’enfant

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    • 02/06/2014 à 09:31
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      C’est une super idée le « jeu » du massage ! Voilà une bonne astuce de maman pour débloquer la situation : vous y êtes allée en douceur et ça a marché, bravo !

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  • 06/06/2014 à 07:21
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    le massage est très important pour les relier à nous… mon fils adore

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    • 06/06/2014 à 07:47
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      En fait ça dépend des enfants. Mon fils aime plus masser qu’être massé. Mais déjà il est plus dans le contact avec nous, il me prend dans ses bras. Des fois, spontanément il va faire un bisous à sa soeur… c’est énorme pour nous.

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