Carole, journaliste, explique son choix d’un reportage sur les Aspergers pour Teva

teva reportage asperger

Vous avez été nombreux à réagir à la parution d’un appel à témoin pour un reportage sur les Aspergers pour Teva. Plusieurs personnes m’ont expliqué se sentir encore une fois exclues des reportages, qu’il n’y en avait encore que pour les Aspies. Et ça m’a rappelé avoir déjà lu ce genre de discussions : il est en train de se créer un clivage absurde entre les autistes et les Aspergers.

Du coup, j’ai contacté Carole pour essayer de comprendre ses motivations, et voici ce qu’elle m’a très gentiment répondu :

Tout d’abord, voici l’annonce, si jamais certains d’entre vous sont intéressés :

APPEL A TÉMOINS REPORTAGE ASPERGER TEVA

Bonjour,

Je suis journaliste pour la chaîne Teva et suis actuellement en train de préparer un long reportage consacré au syndrome d’Asperger.
Ce reportage sera composé de plusieurs portraits de personnes atteintes de ce syndrome.
Les portraits, en étant suffisamment différents les uns des autres, permettront d’expliquer et faire comprendre les problématiques liées à ce syndrome: importance du diagnostic, relations affectives, insertion sur le marché du travail…
Pour cela, je suis à la recherche d’enfants et de jeunes adultes Asperger, qui accepteraient que je les suive quelques jours dans leur quotidien, avec ma caméra. Le tournage s’adresse à des personnes résidant en France, ou en Belgique et Suisse (francophone et proche de la frontière française).
Je me tiens à la disposition des personnes intéressées, pour en discuter plus précisément.
Je vous remercie beaucoup par avance de vos réponses.
Bien cordialement,

Carole PATRIGEON
Journaliste
06.60.67.72.03  –  c.patrigeon@free.fr

Carole, quelles sont les raisons de votre choix pour votre reportage : Aspergers plutôt qu’autistes en général ?

Avant tout, je vous remercie beaucoup d’avoir relayé mon appel à témoins.
Je suis bien consciente que les choix qui sont faits pour ce reportage suscitent des réactions, j’en ai moi-mêmes reçu beaucoup.
L’asperger est de plus en plus médiatisé, et souvent on montre seulement le côté extraordinaire de ce syndrome.
Le but de ce reportage est de montrer qu’au delà des apparences, ce syndrome est aussi un vrai handicap, à la fois pour les personnes qui en sont atteintes et aussi pour les familles qui les aident.
Je pense qu’un reportage peut être pertinent sans pour autant être exhaustif.
Il est toujours préférable, quel que soit le sujet, de s’intéresser pleinement à un aspect pour avoir un propos détaillé et fort, plutôt que de simplement survoler l’intégralité du sujet et risquer de faire un catalogue un peu superficiel.
Cela suscite évidemment des frustrations, je le sais bien et j’en suis désolée, mais je pense que c’est inévitable.

 

Un grand merci à Carole d’avoir pris le temps de me répondre !

Mon point de vue personnel est que les motivations de Carole pour ce reportage sont justes, et j’espère que sa réponse apaisera les tensions et évitera la polémique. J’espère de tout coeur que l’on ne verra pas dans ce reportage le côté « sensationnel » et misérabiliste des difficultés du quotidien pour les Aspergers, parce que là encore, ce n’est qu’une toute petite partie de l’iceberg, et que si les Aspergers ne se résument pas à Rain Man et compter des allumettes tombées par terre, ils ne sont pas non plus tous bourrés de toc et impotents. On verra bien…

Moi je dis : quand on parle d’Asperger, on parle aussi d’Autisme, et dans ce pays où on passe son temps à cacher 600 000 personnes dans des centres parce que c’est trop compliqué de s’occuper d’eux, et bien au moins, là, on montre qu’ils existent. Si ce reportage peut contribuer à les faire sortir du placard, c’est déjà pas si mal.

4 réflexions sur “ Carole, journaliste, explique son choix d’un reportage sur les Aspergers pour Teva ”

  • 17/04/2014 à 18:39
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    Je comprend son point de vue, mais je regrette que personne ne fasse le choix de parler des types moins connus d’autisme – peut être un « risque » que personne n’est encore prés à prendre?
    Ne parler que d’un aspect de ce spectre n’est pas spécialement « parler de l’autisme », c’est surtout parler de cet aspect.
    Et une correction: NT veut dire « neuro-typique » et non pas « autiste typique » – expression que je n’avais jamais lu.
    Pour regrouper tous les troubles, on dit soit TED soit TSA. 😉

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    • 17/04/2014 à 20:16
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      Ah Marie j’ai corrigé, parce que le « neurotypique » pour moi en fait c’est les gens non autistes et donc je ne suis pas à l’aise avec cette notion autiste vs neurotypique.
      Bref, moi je comprends que les autistes en quête d’une reconnaissance, d’une vraie légitimité, souhaitent s’affirmer en valorisant leur particularité. Mon fils est autiste, et franchement, j’en ai rien à faire qu’il soit Aspie ou autre chose, mais peut-être que lui, plus tard, aura aussi l’envie d’affirmer sa particularité et aura envie qu’on parle d’autre chose que des Aspergers.

      Mais tu vois, ça me rappelle quand je vivais en Afrique. J’ai vécu 3 guerres civiles et je ne peux m’empêcher de faire le rapprochement : je comprends parfaitement que des minorités ethniques dans un pays souhaitent revendiquer leur particularisme pour retrouver leur autonomie, leur indépendance etc. Mais quand deux minorités s’affrontent, malheureusement, il n’y a que des perdants.

      C’est pourquoi je préfere penser qu’aujourd’hui, la seule bataille qui vaut la peine d’être menée, et encore, je n’aime pas le terme « bataille » c’est de parler de l’autisme, quelle qu’en soit la forme.

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  • 18/04/2014 à 11:32
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    Une chose me chiffonne quand on parle des Aspergers (et quand j’en entends certains parler d’eux même), c’est quand on attribue leur(s) talent(s) à Asperger.
    STOP ! Je veux bien que ce syndrome influence la manière d’aborder les choses, les projets, par cet enthousiasme enfantin, ce côté têtu qui nous pousse à accomplir des choses qui semblent futiles ou bizarres aux yeux des autres, mais il n’est en rien à l’origine d’un quelconque talent !
    T’es pas un génie parce que t’es Asperger (ou atypique, ou schizophrène, ou bipolaire ou quoi ou qu’est-ce !!), faut arrêter.

    On sera acceptés de la masse le jour où ils comprendront qu’on peut avoir une vie à peu près normale, mais jamais en leur montrant à quel point « on est trop géniaux » ou à quel point « bordel c’est pas tous les jours facile, zut » !

    Enfin je pense.

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  • 01/08/2014 à 15:01
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    En effet….on n’est pas un phénomène de foire, ni des malades. On peut aussi penser ne rien avoir de particulier. Je suis même archi nulle en maths. Je ne me rappelle pas des noms ni des visages…bref, être asperger c’est pas être un génie oui, sauf que les aspergers sont souvent disciplinés…ce qui fait qu’on va au bout des choses. On est soit dans la logique, soit dans l’emotion. On gère parfois tellement de contradictions. On nous prête parfois des attitudes pédantes, mais en fait c’est parce qu’on croit que si on le fait ou le dit, tout le monde peut le faire ou le dire et qu’on est humbles au contraire. Donc….pourquoi pas montrer ces côtés là de l’autisme. Les côtés cocasses aussi…le côté humain…tout simplement.

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