Pourquoi il faut dire à l’autiste qu’il est autiste

autisme awarness

Moi : « En fait, ce que tu as, ça s’appelle l’autisme, mon chéri. Mais c’est pas grave ! »

Le Petit Prince a dit : « Alors tout ça, quand je comprends pas tout, c’est parce que je suis autiste ? »

Ben ouais. Comme quoi, c’est pas si compliqué que ça. Sauf que Le Petit Prince n’a appris qu’il était autiste que l’année dernière, à l’âge de 11 ans, après qu’un de ses « camarades » brandisse le papier sur lequel était employé l’expression « élève en situation de handicap » pour désigner Le Petit Prince.

A ce moment là, j’en ai eu marre. Le Petit Prince n’est pas handicapé. Et il y a un mot pour désigner simplement tous ses troubles et ses difficultés, et ce n’est pas un gros mot, c’est « autisme ».

Et pendant des années, devant les interrogations du Petit Prince, j’ai du faire des périphrases, user de métaphores, faire de la vulgarisation avec un langage enfantin pour lui expliquer qu’il était comme ça, qu’il avait du mal à comprendre son environnement, et c’était pour ça qu’il allait chez une pédopsychiatre, une orthophoniste, une psychomotricienne etc.

Un jour, je me souviens, il m’a dit  » Je suis sûr que vous me cachez quelque chose !  » . Je lui ai répondu :  » Pas du tout !  » et je lui ai rééxpliqué avec des phrases proustiennes pourquoi il avait besoin d’aide de spécialistes, pourquoi il n’avait pas d’ami etc.

Tout ça pour éviter d’employer le mot « autisme ».

Et pourquoi avoir attendu tout ce temps ? Parce que j’en avais parlé, moi, à la pédopsychiatre, quand il a eu 7 ans, de dire simplement qu’il était autiste. Parce qu’un de ses camarades de classe avait une grave maladie et qu’il était hospitalisé tous les mois, et que lui, du coup, était bien conscient de ce qu’il avait et donc des ses forces comme de ses faiblesses. Alors je m’étais dit : « Pourquoi pas Le Petit Prince ? »

Ah mais non. La pédopsychiatre m’a dit clairement que Le Petit Prince n’était pas assez mature pour comprendre ce genre de choses, que ça risquait de le perturber d’avantage et peut-être même être régressif. Alors moi, la dame, je l’ai écoutée. Deux ans après, je lui ai reposé la question mais la réponse était la même.

Et puis on a changé de psy. Au CMPP, la psychologue m’a simplement dit :  » Mais vous pensez qu’il ne le sait pas ? Il l’a certainement entendu au détour d’une conversation, il s’en doute… » . Mais il avait déjà 10 ans passés à l’époque. Et il fallait une bonne occasion, parce que quand même, c’est lourd comme truc à annoncer. Déjà qu’il pensait que je lui cachait des choses, la pilule allait être dure à avaler.

L’occasion s’est donc présentée quand les petits cons ont agressé Le Petit Prince. Là, je lui ai annoncé qu’il était autiste et il m’en a voulu de ne pas le lui avoir dit avant. Malgré le fait que je lui ai expliqué que je n’avais jamais eu l’intention de lui cacher quoi que ce soit mais que je m’étais fiée à la spécialiste qui m’avait dit de ne pas lui dire. Oui, il m’en a voulu et pas qu’un peu. Ça ressemblait à une trahison pour lui. Pas cool : j’étais dans mes petit souliers, la situation était désagréable car j’avais l’impression d’avoir mal fait les choses alors que j’essayais justement de bien les faire.

Et c’est trop bête. Parce que depuis, Le Petit Prince a gagné en assurance, il n’hésite pas à dire qu’il est autiste, ça lui permet de prendre de la distance avec des situations inconfortables. Il a vraiment changé depuis.

Alors voilà, faites ce que vous voulez, mais le mieux c’est de dire les choses. Pas la peine de tourner autour du pot : l’autisme n’est pas une honte, une tare ou un gros mot. C’est un état, c’est tout. Dès que votre enfant est en âge de comprendre, qu’il vous pose des questions sur le fait qu’il n’a pas d’ami, qu’il se sent différent : expliquez lui pourquoi, et dites-lui que ça s’appelle l’autisme. Et que c’est pas grave.

En cachant à nos enfants leur état, on n’aide pas la cause de l’autisme, on contribue à mettre au placard 650 000 personnes en France, dont personne ne parle,  que personne ne veut voir. Et franchement, ça suffit. Nos enfants sont plus forts que ce qu’on croit, pas la peine de leur mettre des bâtons dans les roues supplémentaires : ils sont capables d’entendre qu’ils sont autistes, et n’en seront pas malheureux.

9 réflexions sur “ Pourquoi il faut dire à l’autiste qu’il est autiste ”

  • 04/03/2014 à 20:29
    Permalink

    je te rassure , mon fils n ai au courant que depuis l annee derniere ( 12 ans )par l intermediaire du CRDA qui lui avait fais son test de QI ; je dirais par contre que le mien etait au courant mais qu il ne desirait pas en parler et aujourd hui c est encore le cas ; il n a pas change mais il a des reponses par rapport a certains comportements qu il a eu ; par la meme occasion le CRDA a pris sa petite soeur a part pour lui parler de l autisme et sur le coups ca m a fais de la peine car elle a dis a la psy pourquoi il a cet handicap et pas moi !!! je comprends mieux pourquoi aujourd hui elle le protege et le couve ;

    Réponse
    • 04/03/2014 à 20:48
      Permalink

      Merci Muriel de ton témoignage. C’est sûr que quand il y a une fratrie, ça ne doit pas être évident d’annoncer un autisme.

      Réponse
      • 05/03/2014 à 21:24
        Permalink

        je confirme deja sans fratrie faut apprendre a l accepter mais je dirais a plusieurs on est soudé !

  • 04/03/2014 à 21:19
    Permalink

    Mon fils Hugo le sais depuis qu’il a 6 ans et moi aussi,étant atteint du syndrome dandy Walker decouvert antenatale,suivi médical (psy,neurologue…°)et il y a 2 ans nous avons appris mon mari mes filles et moi que Hugo était autiste asperger et il le sais aussi,il sais qu’il ne sera jamais comme les autres,

    Réponse
      • 05/03/2014 à 21:25
        Permalink

        excuse moi peux tu nous parler du syndrome dandy stp ou pas ?

  • 31/05/2014 à 06:27
    Permalink

    Pourquoi vouloir cacher a un enfant qu’il est dans le spectrum? La crainte est souvent dictatrice de la decision de ne pas en parler. Et si on tournait les choses a 180 degres? En general les gens percoivent l’autisme comme negatif. Pourtant ces enfants sont doues sur beaucoup de points, plus que les neurotypiques. Si vous decidez de l’annoncer a votre enfant, voici qqs petits conseils pratiques:
    1) choisissez un moment calme et serein pour en parler, ensemble avec votre partenaire si vous en avez un(e)
    restez zen et relaxe, cela donnera confiance a l’enfant
    2) expliquez-lui ce qu’est l’autisme en lui presentant toutes les qualites que vous voyez dans votre enfant (et il en a beaucoup)
    3) ensuite dites-lui que nous sommes tous differents, que nous avons tous des difficultes pour apprendre certaines choses, que nous avons soit des allergies ou des choses que nous ne supportons pas, tout comme lui et que tous nous apprenons a nous adapter d’une maniere ou d’une autre.
    4) Soyez honnetes avec lui, expliquez-lui qu’il aura peut-etre des difficultes plus consequentes (nommez-les si vous les connaissez) que d’autres enfants et de ce fait il lui faudra peut-etre plus de temps pour apprendre certaines choses que d’autres enfants mais que vous etes toujours la pour l’aider et trouver des solutions satisfaisantes.
    Surtout sachez que votre enfant est precieux, qu’il a des dons et des talents qui se reveleront au cours des annees et que mon Dieu bien oui vous aussi vous avez peut-etre eu des moments difficiles pour assimiler certaines choses alors que d’autres enfants semblaient comprendre de suite, ou meme plus tard dans votre carriere ou dans votre vie familiale.
    Le plus important c que votre enfant comprenne que vous etes la pour lui, que vous l’aimer et qu’ensemble avec lui vous ferez tout ce qu’il est possible pour qu’il se developpe d’une maniere qui lui sera benefique.
    Sachez aussi que votre enfant est la pour vous apprendre beaucoup de choses qu’il connait mais que vous ignorez encore, soyez curieuse envers lui et son comportement, sa facon de communiquer avec vous. Pensez qu’il percoit toutes vos energies (et celles de tout le monde autour de lui) et y est tres sensible.
    Avec de l’amour, de la compassion et de l’empathie vous arriverez a des resultats fabuleux. Si vous lui montrez que vous l’acceptez tel qu’il est, cela lui donnera la confiance necessaire pour l’aider a s’accepter aussi.
    Bonne chance a toutes et a tous.

    Réponse
      • 02/06/2014 à 15:50
        Permalink

        Merci, il est de plus en plus important en vue du nombre croissant des enfants dans le spectrum d’initier une nouvelle facon de voir ce phenomene. En anglais le terme medical est ‘disorder’ ce qui associe immediatement a maladie mentale, mais les personnes dans le spectrum vous diront qu’ils ne sont pas malades mentaux. Bien au contraire ils sont intelligents, doues mais malheureusement mal compris. L’autisme peut nous apprendre a voir les choses au-dela de ce que nos yeux voient, au-dela de nos perceptions, au-dela de nos connaissances specifiques si nous sommes ouverts a ses messages.

Répondre à lepetitprinceadit Annuler la réponse.